• LEA COX TOME II

    Lea Cox et le serment des liens de sang tome II
    est en court d'ecriture.
    soyez patient!! mais voici un extrait.

     

    LE RETOUR DU FILS PRODIGE

     

    Dans la forteresse noire, sir Hayward trépigne et fait les cents pas le long du corridor qui mène à la chambre de Meddy.

    -          Mais qu’as-tu fait imbécile ? grogna-t-il en s’adressant à lord Wallamzen qui venait de le rejoindre pour prendre des nouvelles du jeune prince.

    -          Il dort toujours ?

    -          Je dirais plus qu’il est dans un coma profond plutôt qu’endormi. Je t’avais pourtant demandé de me le ramener sain et sauf.

    -          Je vous assure que le poison que je lui ai administré va très vite s’estomper, il se réveillera bientôt.

    Lord Wallamzen était dans ses petits souliers et commençait lui-même à douter. Avait-il commis une erreur de dosage lorsqu’il avait concocté le poison ? Peut-être avait-il mis trop de sang de tarentules à trois têtes, ou, était-ce à cause des yeux de rats qui étaient trop gros ? Il préférait ne pas penser aux conséquences, si quelque chose arrivait au fils de son maître par sa faute.

    -          Dans une semaine à peine, il aura quatorze ans et tu sais ce que cela signifie. J’ai déjà invité tous les plus grands seigneurs de notre monde qui servent notre cause. Je tiens à ce que tout soit parfait. De quoi aurai-je l’air si le prince est absent pour son propre sacrement.

    -          Il sera sur pied mon seigneur, je vous l’assure.

    -          Je l’espère pour toi, je ne supporterais pas de voir mon fils finir comme sa mère.

    Il y avait près de deux semaines que Meddy dormait, c’était comme si son subconscient lui interdisait de se réveiller, sûrement par peur d’affronter la réalité. Tous les occupants de la forteresse noire étaient en éveil depuis le jour où Wallamzen l’avait amené. Ils s’empressaient de tout préparer, selon les désires de leur maître, pour  la célébration du retour du fils prodige.

     Sir Hayward savait pertinemment qu’il lui serait difficile de se faire aimer de son fils, qui avait dû entendre tellement d’atrocités à son sujet. Même si toutes ces horreurs avaient une raison d’être, il était déterminé à lui faire entendre raison.

    Pour la célébration, il avait ordonné que toute la forteresse soit nettoyée de fond en comble et décorée. Il pensait que Meddy serait moins choqué si l’antre de son clan retrouvait l’apparence qu’elle avait à l’époque où son épouse était encore à ses cotés. Sir Hayward s’autorisait de courts moments de rêveries. Il aurait souhaité que tout fût différent et qu’aucune de ces atrocités ne ce soient produites. Il aurait tant aimé pouvoir élever son fils aux cotés de sa femme au palais de Faralonn dans lequel il avait grandi. Tous ces rêves l’attendrissaient   et le remplissaient de remords, mais sa vraie nature ne le laissait pas se perdre dans des illusions perdues. Il ragea, criant à qui voulait l’entendre que rien de tout cela n’était de sa faute. Il se laissa tomber sur les genoux, le visage entre ses mains mouillés par les larmes. Il ne se souvenait même plus à quand remontait la dernière fois qu’il avait pleuré. Durant toutes ces années, il s’était forgé une carapace qu’il croyait inébranlable, mais le cœur sombre qu’il était devenu, ne pouvait résister à un tel chamboulement. C’est en essuyant ses larmes, qu’il réalisa à quel point il était toujours profondément amoureux de sa femme, malgré son coma qu’il pensait éternel. Il avait gardé une lueur d’espoir enfouie au fond de son cœur, de retrouver son fils même s’il l’avait cru mort depuis tant d’années.

    Maintenant que Meddy était de retour, il était persuadé que ses ambitions les plus chères se réaliseraient. Cette simple pensée suffit à lui donner un sourire qui le rendit moins bestial.

    Dans sa chambre, Meddy ouvrit péniblement les yeux. Ses paupières étaient lourdes et douloureuses. Il ne distinguait que de vagues lueurs jaunâtres qui dansaient dans le vague. Encore sous l’effet du poison que lui avait violemment injecté lord Wallamzen, Meddy se sentait faible et nauséeux et ne se rappelait pas encore ce qui s’était passé. Malgré tous ses efforts pour appeler quelqu’un et avertir de son réveil, seuls d’inaudibles sons aigus sortirent de sa bouche. Chétif dans son lit, il se contenta de fixer les points lumineux qui flottaient au dessus de lui. Il n’entendait aucun bruit et il ne reconnaissait pas l’odeur des lieux, ses sens étaient eux aussi victimes des effets du poison. Rien, il ne se souvenait de rien. Tous ses effort pour retrouver ses sens l’épuisèrent et le plongèrent à nouveau dans un profond sommeil.

    Lorsque sir Hayward entra dans sa chambre, plus tard cette même nuit, il ne trouva aucun changement sur l’état de son fils et s’inquiéta de le voir un jour se réveiller.

    Très tôt le lendemain matin, tandis que la forteresse dormait encore, Meddy se réveilla un peu plus en forme que la veille. Bien que très affaibli, il y voyait désormais clairement et se rendit compte que les lueurs qu’il avait aperçues la veille, provenaient d’une centaine de bougies qui se balançaient sur un grand chandelier de bois juste au dessus de son lit. Tant bien que mal, il se redressa pour s’asseoir et après un bref coup d’œil autour de lui, il constata n’être jamais venu dans cet endroit par le passé. Meddy pensa qu’il avait dû avoir un grave accident à en juger par la richesse de la décoration de la chambre et que de ce fait, il avait eu droit à un traitement de faveur.

    « Où sont Léa et les autres ? » se demanda-t-il soudain. « Et pourquoi m’ont-ils laissé seul ici ? » Il dégagea péniblement les épaisses couvertures de ses jambes et entreprit de se lever pour examiner l’endroit plus en détail. Les tapisseries aux murs étaient frappées de motifs dorés qui, d’après son expression, n’étaient pas à son goût, mais il en appréciait tout de même le coté luxueux. Il ouvrit la grande penderie murale qui renfermait une garde robe qu’il supposa être à sa taille. Il choisit une tenue pour l’essayer et grimaça lorsqu’il se vit dans le trumeau accroché au mur. Le visage encore très marqué par les effets du poison, il se croyait revenu d’entre les morts. L’ensemble de cuir noir qu’il portait, accentuait encore plus son teint blafard mais en dépit de son apparence, il se sentait confortable dedans et décida de ne pas l’enlever.

    Bien qu’une centaine de bougies flambait, diffusant une lumière suffisante, Meddy trouva la chambre trop sombre, c’est pourquoi il entreprit d’ouvrir les rideaux mais regretta son geste au même instant. Derrière les énormes drapés qu’il ouvrit d’un geste vif, il ne trouva aucune fenêtre, seul un mur d’onyx miroitant qu’il cogna du bout des doigts pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

    Un énorme stress s’empara de lui et il se rua vers la porte de la chambre. Il tournait et retournait la clenche de verre noir mais il n’y avait rien à faire, elle était fermée depuis l’extérieur.  Sa respiration s’accéléra soudainement, Meddy tenta de remplir ses poumons, pensant que ces exercices d’hyperventilation l’aideraient à garder son calme. Il ne savait pas où il se trouvait et ne comprenait pas pourquoi on le séquestrait ainsi. Il retourna s’asseoir sur le grand lit pour tenter de reprendre ses esprits afin de ne pas céder à la panique, mais son sang se glaça au son grinçant d’une clef qui tournait dans la serrure. Meddy se jeta en arrière, rebondissant sur le matelas, il retomba de l’autre côté du lit et s’accroupit pour se cacher. Dégoulinant de sueurs froides, il épiait la poignée de la porte qui tournait lentement sur elle-même et fut aveuglé par la lumière qui pénétra dans la pièce avec force lorsque la porte s’ouvrit.

    -          Je constate que tu vas mieux ! dit une voix.

    C’était une voix d’homme, une voix grave et sourde qui martelait le crâne de Meddy.

    -          Qui êtes-vous ? bafouilla Meddy, fixant l’ombre à l’imposante stature qui se rapprochait de lui.

    A cause du contre jour, il ne pouvait pas voir clairement le visage de l’homme qui lui parlait mais il avait l’étrange pressentiment de l’avoir déjà entendu auparavant.

    -          Il y a bien longtemps, lui répondit la voix. C’est normal que tu ne me reconnaisses pas.

    Meddy venait de comprendre, il était tombé entre les mains de sir Hayward, l’ennemi juré, son père. Ce même homme qui avait sauvagement assassiné les parents de Léa. Tout était plus clair à présent et la mémoire lui revint en une fraction de seconde. Sa mission contre les hurgals à Minandas et le moment fatidique, lorsqu’il avait ressenti cette douleur atroce lui transpercer la nuque à l’instant où il s’apprêtait à entrer dans le palais au creux de l’arbre.

    Meddy ne tenait pas à ce sir Hayward sache qu’il se souvenait de ce qui lui était arrivé  et préféra lui jouer la comédie. En dépit de la peur qui lui meurtrissait les entrailles, il se leva pour faire front à son père.

    -          On se connaît ?

    -          Je suis ton père !

    -          Je suis désolé monsieur. Meddy avait énormément de mal à contenir et à maîtriser les tremblements qui lui secouaient le corps. Mais je ne me souviens de rien, que m’est-il arrivé ? Où suis-je ?

    -          Tu as été victime d’un accident qui nous a séparés, trop longtemps. Sir Hayward crut a l’amnésie de Meddy et souhaitait que cela dure très longtemps, mais il savait qu’un jour ou l’autre la vérité éclaterait. Pas aujourd’hui, pensa-t-il. C’est demain le jour de ton quatorzième anniversaire, lui annonça-t-il tout souriant, et pour l’occasion j’ai organisé une petite réception pour le célébrer ainsi que ton retour. Nous fêterons le réveil du fils prodige, héritier de Faralonn.

    Meddy savait très bien que Faralonn revenait de droit à Léa. Il n’avait qu’une envie sur l’instant, lui sauter à la gorge et l’étrangler de ses propres mains.

    -          Où suis-je ?

    -          Dans notre palais, le plus sûr au monde, bâti dans l’onyx le plus solide.

    Meddy se demanda tout d’abord comment il allait s’y prendre pour en sortir mais songea que c’était aussi pour lui l’occasion d’en apprendre plus sur ses racines. Après tout, il avait passé toute son enfance transbahuté d’orphelinat en orphelinat, et aujourd’hui, il était face à son père. Il se conforta dans sa décision de jouer la comédie et cela aussi longtemps que possible, jusqu’à ce qu’il est obtenu les réponses à ses question et trouvé le moyen de s’enfuir.

    -          Mais tu dois être affamé, pensa son père, suis moi, nous petit déjeunerons ensemble aujourd’hui. Il en avait toujours rêvé, se retrouver en tête a tête avec son fils.

    Sir Hayward ne savait pas trop comment il s’y prendrait, mais il était bien décidé à mettre toute les chances de son coté pour développer une relation père-fils comme il l’avait toujours imaginé.

    Meddy suivit son père, marchant silencieusement dans son sillage, le long des interminables corridors et des escaliers qui n’en finissaient jamais de descendre et de remonter, jamais il ne réussirait à se situer sans un plan bien détaillé des lieux. Il trouva la forteresse très accueillante et bien décorée, contrairement à l’idée       qu’il s’en était fait depuis les berges de Minandas.

    -          Comment est-ce-que je dois vous appeler ? lui demanda-t-il de plus en plus à son aise dans son jeu d’amnésique.

    -          Père suffira, tu ne penses pas ?

    Meddy acquiesça d’un simple hochement de tête en cachant son expression de dégoût à l’idée de devoir l’appeler ainsi.

    Ils petit déjeunèrent dans ce qui semblait être la salle à manger. Chacun à un bout de la longue table de bois, ils étaient encerclés par une horde de serviteurs tous aussi bizarres les uns que les autres pensa Meddy qui s’amusa à les comparer à des trolls nain. Sir Hayward ne lâcha pas son fils du regard tandis que ce dernier s’efforçait de ne pas quitter son assiette des yeux pour ne pas croiser les siens.

    -          Ensuite nous finirons, ensemble, les préparatifs pour la réception de demain, qui se tiendra dans la salle du grand dôme en ton honneur.

    Meddy acquiesça à nouveau d’un hochement de tête. Il se dit qu’après tout, jamais personne ne lui avait fêté son anniversaire auparavant. Mis à part la mère supérieure de l’orphelinat, qui, a chaque fois, lui offrait une icone à l’effigie d’un saint. Après plusieurs années passées à les collectionner, Meddy et ses copains de chambre en avaient suffisamment pour jouer à la bataille, et ce souvenir le fit sourire. C’était la première fois que quelqu’un organisait une fête rien que pour lui, et même si cette délicate attention venait de son pire ennemi, il ne voulait rater cela sous aucun prétexte.

    Les minis trolls, comme les appelait Meddy, s’agitèrent pour débarrasser la table, si maladroitement qu’il ne put se retenir de rire aux éclats lorsque l’un d’eux percuta de plein fouet la porte qui menait aux cuisine et renversa toute la pile de vaisselle qui se brisa.

    Après l’incident, sir Hayward fit signe à Meddy de le suivre. Ils montèrent au sommet de la plus haute tour d’onyx, en haut de l’escalier, ils s’arrêtèrent devant une magnifique porte sculptée à même le verre. Il sortit une énorme clef cristalline qu’il introduisit avec la plus grande délicatesse dans la serrure avant d’ouvrir la porte en la poussant calmement du plat de sa main. Un peu méfiant, Meddy entra. La pièce, encombrée par des dizaines de bouquets de fleurs fraiches sentait délicieusement bon. Tout au fond Meddy repéra immédiatement la grande porte fenêtre qui s’ouvrait sur un petit balconnet.

    -          Va ! elle t’attend.

    Sir Hayward l’encourageât à s’avancer vers le grand lit à baldaquin près de la fenêtre. Meddy n’était plus lui-même, il se laissait submerger par une émotion nouvelle. Il leva la tête pour regarder son père, oubliant toute rancœur. Au même instant, les yeux larmoyants, il avança. D’une main gauche et tremblotante, il souleva le rideau du baldaquin et resta sans voix lorsqu’il découvrit le visage de cette femme magnifique dont la longue chevelure brune et soyeuse, ondulait sur les oreillers de satin blanc.

    -          C’est ta mère ! lui annonça sir Hayward qui paraissait tout aussi ému.

    Meddy ne disait mot, plus rien n’existait autour de lui, son âme s’embrasait à la contemplation de la femme qui l’avait mis au monde. Il était en extase devant la pureté de sa peau et la sagesse de ses traits, elle semblait étrangement jeune, comme si le temps n’avait pas d’emprise sur elle.

    -          Que lui est-il arrivé ? demanda Meddy en reniflant.

    -          C’est une longue histoire…

    Sir Hayward craignait que s’il lui disait toute la vérité, Meddy ne retrouve la mémoire et que cela complique ses plans.

    -          Nous devrions redescendre maintenant, reprit-il, nous avons encore beaucoup de travail si nous voulons terminer à temps les préparatifs pour la soirée de demain.

    -          J’aimerais rester encore un peu, si cela ne vous dérange pas ?

    -          Très bien, je comprends. Reste le temps qu’il te plaira, et lorsque que tu seras prêt, demande au garde en bas de l’escalier de te conduire, tu risquerais de te perdre. Je t’attendrais dans la salle du dôme.

    -          Merci, répondit Meddy sans quitter sa mère des yeux.

    Avant de sortir, sir Hayward s’attarda, il avait tant rêvé de ce jour qu’il n’arrivait pas à ce détaché de ce tableau qui lui remplissait le cœur de bonheur. Il sortit de la chambre en refermant doucement la porte de verre derrière lui, laissant Meddy, seul au chevet de sa mère.